Je crois que beaucoup de femmes reconnaîtront une part d’elles-mêmes dans mes oeuvres et je souhaite que plusieurs adopteront cette joyeuse certitude :

Je suis singulière et plurielle.
Je suis moi. Et c’est parfait comme ça.

Quand la pandémie a imposé le confinement à domicile, mon passe-temps, l’aquarellle, a coloré mon quotidien affadi et petit à petit, elle a rempli mon esprit. Un beau jour, on m’a proposé un défi : peindre des nus. Ma première réaction a été de refuser, convaincue que je ne saurais pas peindre des personnes. Mais l’idée a fait son chemin.

Instinctivement, j’ai abordé le sujet de manière ludique. J’ai esquissé des corps féminins traversés de lignes fragiles, de disproportions volontaires, de détails un peu étranges. Ce que j’aimais le plus, c’était la liberté de ces femmes couchées sur papier, leur légèreté. Et leur audace de montrer fièrement leurs seins, leurs cuisses, leurs fesses, une audace sans aucune vulgarité. Plus j’exagérais les traits de ces femmes, plus je m’y reconnaissais: une femme à la fois imparfaite et magnifique, simple et complexe, une femme à la définition insaisissable, unique, voire même singulière, aux multiples angles, perspectives, histoires, une femme plurielle.

Sans hésiter, j’ai bâti cette série sous le thème “Autoportraits”, à la fois parce que ces femmes illustrent mon intériorité haute en couleurs, et aussi pour narguer quiconque tenterait de mettre en doute ma propre vision de moi-même, mon droit de définir mon identité comme je l’entends et de l’illustrer comme je le veux.

Pour moi, l’autoportrait ne cherche pas à ressembler — il cherche à révéler. Ce n’est pas le miroir qui m’importe, mais ce que l’on ressens en regardant, ce que l’on choisit de montrer, chaque image ne livrant qu’une infime partie de soi. Dans cette série, je me donne le droit entier et indiscutable de me représenter telle que je me perçois, sans me soumettre à l’approbation d’autrui.